INDICES CONCORDANTS Deuxième Partie
cinématique, biomécaniques et l’importance de choisir un référentiel
La trajectoire des mains du nageur et singulièrement dans sa partie sous-marine a toujours intéressé les entraineurs et formateurs. La trajectoire aérienne s’est trouvée moins souvent interrogée. On la caractérisait en différenciant « bras tendus » ou « bras fléchis ».
Très longtemps le passage sous la surface a été assimilé à la fonction propulsive des membres supérieurs, tandis que leur passage aérien l’était au retour.
On retrouve toutefois dans les documents techniques diffusés par la FFN avant les années 50, un partage en trois de la phase aquatique en « appui », « traction », « poussée ». Un journaliste spécialisé en natation : F. Oppenheim, insistera pour que la première phase soit considérée comme propulsive en employant les termes « d’appuis tractifs ».
Dans la littérature anglo-saxonne, les deux derniers termes seront utilisés selon la même interprétation : « pull » et « push » !
L’utilisation des caméras sous-marines va permettre de reconstituer assez fidèlement les trajectoires. J. Counsilman va les présenter en fonction des 3 plans de l’espace à partir de caméras fixes. Selon qu’elles sont prises de face, de profil ou de dessus leur forme présentera de notables différences.
Ces images qui relèvent de la cinématique seront abusivement qualifiées de biomécaniques.
Ce sont les images de profil qui interpellent logiquement les entraineurs dans la mesure où elles vont « éclairer » et rendre compte de la propulsion.
Ce qui frappe l’observateur d’une trajectoire d’un nageur performant, c’est sa dimension antéropostérieure réduite et en contrepartie sa dimension verticale plus importante comparativement. Très rapidement, des auteurs qui se prétendaient « biomécaniciens » en ont conclu que ce qui propulsait le nageur, c’était les parties descendantes et ascendantes, donnant ainsi naissance à « la théorie de la portance ». Pour démontrer qu’elle n’était pas fondée je me suis appuyé sur la définition du mouvement : « déplacement dans l’espace, en fonction du temps (durée) et par rapport à un référentiel (point choisi comme fixe).
Pour que cela apparaisse clairement dans une démonstration, j’ai superposé les trajectoires d’un même nageur selon que le référentiel était pris sur lui (égocentré) ou hors de lui (exocentré). Nous avons ici deux images d’une même réalité. Même nageur et dans les deux cas à puissance maximale.
Nous avons déjà évoqué les points remarquables d’une trajectoire sous marine : PE = point d’entrée dans l’eau, PA = point le plus avant, PP = point le plus profond, PF = point de fin de poussée, PAR = point le plus arrière, PS = point de sortie.
Dans la superposition des deux images, nous avons fait coïncider la surface de l’eau et le point profond. Le tracé vert illustre la trajectoire des doigts réalisée par le nageur qui recherche l’amplitude. Le sens de ce déplacement passe progressivement de l’arrière vers l’avant à l’avant vers l’arrière à partir du PA. La composante horizontale de la vitesse est alors nulle. Commence alors pour le nageur son intention propulsive.
Avec le tracé en rouge, on passe du système égocentré au système exocentré.
N’oublions pas que sur le graphique l’espace est en abscisse et le temps en ordonnée.
Sur la même horizontale de la phase correspondante nous sommes au même instant.
Le PA, point de début de la propulsion apparait plus bas dans l’espace et plus tard dans le temps. POURQUOI ?
La réponse est essentielle !
Au PA du tracé en vert correspondant au changement de sens de la vitesse horizontale, la vitesse de la main est nulle par rapport au nageur mais non à la vitesse du nageur par rapport à l’eau (dans le sens de son déplacement de l’arrière vers l’avant).
Pour que l’action du membre supérieur devienne propulsive, il ne suffit pas qu’elle se déplace vers l’arrière, encore faut-il que sa vitesse soit supérieure à la vitesse du nageur vers l’avant.
C’est un point malheureusement méconnu ou ignoré par les entraineurs et les biomécaniciens et qui a faussé les descriptions et analyses.
C’est le cas de Florent dans son article sur les synergies et nous ne doutons pas qu’il reprendra son travail en tenant compte de ces données essentielles.
Ce fut aussi mon cas dans la réalisation des structures rythmiques. La géométrie et la mécanique doivent rester présentes à notre esprit et nous ouvrir à la relativité ! Pour nous faire accéder à la réalité.
Une conclusion : Sans le choix explicite d’un référentiel, il est impossible repérer la raison d’être des coordinations ou d’expliquer un fonctionnement.
Dans le prochain article nous exploiterons ces données pour mieux comprendre le rôle des coordinations des membres supérieurs et inférieurs dans la natation.
raymond
avril 2018
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Gg
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